REACH : le plus grand programme d’expérimentation animale au monde

En 2006, l’Union Européenne a introduit une nouvelle loi, connue sous le nom de REACH (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques) obligeant les entreprises de produits chimiques à fournir des informations concernant les effets sur la santé ainsi que les risques environnementaux de presque tous les produits chimiques utilisés en Europe. Cette loi contraint les entreprises à fournir les résultats des essais pratiqués sur les animaux, et si elles ne les ont pas déjà faits, celles-ci sont tenues d’y remédier et d’en effectuer de nouveaux. Par conséquent, des centaines de milliers d’animaux sont utilisés lors de tests douloureux et mortels, et des millions d’autres devraient être utilisés à ces fins dans les années à venir. REACH est le plus grand programme d’expérimentation animale dans le monde, et tout ça se déroule quotidiennement sous nos yeux en Europe.

Le projet et les tests

La loi REACH est entrée en vigueur en 2007, et les rapports officiels montrent que déjà en 2013, plus de 800.000 animaux avaient déjà été utilisés dans des tests pour satisfaire aux obligations qu’elle impose. Ces tests comprenaient des tests cutanés et oculaires douloureux, des tests de toxicité aiguë dans lesquels les animaux étaient exposés à d’importantes doses de produits chimiques, conduisant à des souffrances ainsi qu’à une mort terrible même si des méthodes fiables et n’ayant pas recours aux animaux existent pour nombre de ces tests. Souris, rats, cochons d’Inde, poissons et lapins ont été utilisés, et le pire est à venir. Ces tests peuvent durer pendant des mois, ou même pendant toute la durée de vie des animaux à qui l’on dose des produits chimiques quotidiennement. Lors des tests de la toxicité pour la reproduction, on gave des animaux en gestation de produits chimiques afin de voir si ces substances provoquent des anomalies, ou bien la mort, sur les bébés. Un seul test de la toxicité pour la reproduction ne concernant qu’une seule substance chimique peut coûter la vie à environ 2.500 animaux.

PETA et REACH

PETA et ses affiliées internationales se battent pour protéger les animaux contre la menace de REACH depuis bien avant que celle-ci ne soit devenue une loi. Les lobbyistes des affiliées de PETA ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir que des mesures de protection des animaux soient introduits dans le règlement. La loi stipule maintenant que l’utilisation des animaux ne doit intervenir qu’en « dernier recours » et elle est suffisamment flexible pour permettre aux entreprises d’éviter l’utilisation des animaux dans certaines circonstances. Des mesures visant à éviter que des entreprises différentes effectuent le même test du même produit chimique devrait éviter que des millions d’animaux ne soient tués lors de tests redondants, et désormais, certains des pires essais ne peuvent avoir lieu sans un contrôle réalisé en amont par les autorités.

Depuis le début du programme REACH, les scientifiques et experts en règlementation des affiliées internationales de PETA ont travaillé avec des entreprises de produits chimiques, des scientifiques, des représentants officiels de l’Union Européenne et des politiciens pour tenter de réduire le nombre de décès d’animaux. En 2009, après de nombreux efforts de leur part, l’ECHA, l’Agence européenne des produits chimiques, l’agence en charge de REACH, a publié des conseils sur la prévention de tests redondants. Il s’agit d’une clarification qui pourrait sauver jusqu’à 4 millions d’animaux.

En 2012, le Consortium scientifique international de PETA (PISC) a vu le jour afin de coordonner l’expertise scientifique et réglementaire de ses membres, dont font partie PETA et ses affiliées. PISC a dorénavant le statut d’intervenant accrédité, à la fois avec le Laboratoire européen de référence pour les méthodes alternatives en expérimentation animale (EURL ECVAM) et l’ECHA. L’EURL ECVAM a un rôle essentiel dans la validation scientifique et la bonne utilisation dans le cadre réglementaire des méthodes d’expérimentation non-animale au sein de l’Union Européenne, ainsi que dans le reste du monde. PISC continuera à influencer la politique de l’EURL ECVAM et à travailler à ses côtés. En tant qu’intervenant accrédité auprès de l’ECHA, PISC est autorisé à communiquer avec les agences de régulations internationales et à assister aux réunions relatives à REACH pour inciter au remplacement des animaux tant que possible. L’accès à de telles réunions accroît la capacité de PISC à promouvoir et à financer des stratégies fiables et pertinentes afin de réduire et, un jour, mettre un terme à l’utilisation d’animaux à des fins d’expérimentation.

PETA et d’autres membres du PISC ont également publié des articles dans des revues techniques et commerciales, et ont travaillé avec les médias nationaux pour sensibiliser le public face à la menace de REACH. Nos affiliées se réunissent régulièrement avec certaines des plus grandes entreprises de produits chimiques du monde pour promouvoir l’utilisation de méthodes alternatives aux tests sur les animaux réalisés dans le cadre de REACH. Elles ont également donné de l’argent directement pour le développement et l’évaluation scientifique de méthodes non-animales qui pourraient être utilisées pour remplacer l’expérimentation animale sous REACH, sauvant ainsi potentiellement des dizaines de milliers de vies.

En 2012, PETA UK a déposé une plainte auprès du Médiateur européen contre l’ECHA, accusant l’agence d’une mauvaise gestion pour avoir omis de s’assurer que l’expérimentation animale était utilisée comme « dernier recours », tel que la loi le stipule. Sa décision, rendue à la fin de 2014, a des implications très importantes qui empêcheront la souffrance de millions d’animaux. Cette décision confirme que l’ECHA a échoué dans sa mission d’utiliser tous les outils à sa disposition pour réduire au maximum l’expérimentation animale. Le Médiateur européen a émis des directives claires à l’attention de l’ECHA qui doit exiger des déclarants qu’ils justifient le respect de la loi lorsque cela est nécessaire ainsi qu’informer les États membres de tous les cas de figure de non-conformité possibles, et pas seulement des violations avérées.

Et après ?

Il est évident que malgré le travail que PETA et d’autres ont accompli en vue d’atténuer les conséquences de REACH, de nombreux tests réalisés sur les animaux auraient pu être évités. Les instructions du règlement REACH sur l’utilisation des animaux comme « dernier recours » ont jusqu’à présent été bafouées en pratique, et PETA est déterminé à remédier à cela. Les experts en science et en règlementation des affiliées internationales de PETA continueront à faire pression et à travailler avec des responsables européens de façon à veiller à ce que l’on remédie aux manquements pointés du doigt par le Médiateur, et que la conformité à l’esprit et au contenu de REACH soit assurée dès à présent.

PETA est d’accord qu’il faille s’assurer que les produits chimiques auxquels nous sommes exposés au quotidien ne sont pas nuisibles à notre santé ainsi qu’à l’environnement. Cependant, tant que REACH repose sur des expérimentations animales, cet objectif ne sera jamais atteint. Des scientifiques avisés ainsi que des responsables de la régulation des tests à travers le monde reconnaissent qu’en plus de ne pas être éthique, les tests sur les animaux ne sont tout bonnement pas fiables. REACH est le symbole que l’Europe – autrefois considérée comme étant à la pointe de la protection animale – est, pour le moment, associée à des méthodes de tests archaïques et cruelles qui ont pour conséquences d’innombrables souffrances et morts animales.

Nous saluons les mesures prises dans le cadre de REACH à savoir utiliser des méthodes alternatives et éviter d’effectuer des tests inutiles et redondants, mais il est absolument essentiel que nous nous assurions que chaque occasion d’éviter les tests sur les animaux soit saisie.