Le Zoo de Mulhouse appelle au vote pour nommer son ourson polaire : PETA propose « Tigutaaqtaq », soit « prisonnier »

Le 11 février 2021

Le Zoo de Mulhouse appelle au vote pour nommer son ourson polaire : PETA propose « Tigutaaqtaq », soit « prisonnier »

L’association rappelle que les zoos sont des prisons pour animaux et incite le zoo de Mulhouse à envoyer ses ours polaires dans un sanctuaire

Mulhouse – Pour répondre à l’appel au vote du zoo de Mulhouse pour nommer son tout nouveau prisonnier, un ourson polaire né fin novembre, PETA fait part d’une proposition singulière et lourde de sens : l’association suggère que l’animal, voué à toute une vie dans un espace restreint loin de son habitat naturel, soit baptisé « Tigutaaqtaq », soit « Prisonnier » en Iñupiatun. PETA souligne par ce biais que les animaux sauvages n’ont pas à être tenus captifs pour le loisir ni le profit. L’association a également écrit une lettre au directeur du zoo, lui demandant de transférer ses ours polaires dans un sanctuaire adapté aux besoins de leur espèce.

Bien que les gens peuvent être tentés de visiter des zoos pour y observer les animaux sauvages qui les fascinent, pour ces individus sensibles et intelligents qui y sont emprisonnés à vie pour satisfaire notre curiosité, l’existence dans un zoo est frustrante et déprimante. Même les meilleurs zoos ne peuvent satisfaire les besoins complexes des animaux sauvages, les faisant énormément souffrir, physiquement et mentalement.

« Un ours polaire n’a rien à faire en France, loin de sa banquise et prisonnier d’un enclose qui ne fait qu’un millionième de la taille de son environnement naturel. », déclare Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de PETA France. « L’opposition du public français à la captivité des animaux sauvages se fait entendre plus que jamais et nos élus votent des mesures concrètes en ce sens. Nous appelons les zoos à réellement prendre les intérêts des animaux en compte, en cessant de faire naître de nouveaux prisonniers pour vendre des billets d’entrée et en soutenant plutôt la conservation des espèces dans leur milieu naturel. »

En plus d’avoir besoin d’un climat très froid, les ours polaires ont besoin de vastes espaces à parcourir. Dans la nature, leur habitat s’étend à plus de 300 000 km² et ils ont une portée de déplacement de 3 000 kilomètres par an. Mais en captivité, ils sont privés de la possibilité d’explorer, de chasser, de choisir leurs partenaires et d’exprimer les comportements instinctifs, importants et naturel pour eux. Il est courant que les ours polaires captifs fassent les cent pas, se balancent, tournent en rond, secouent la tête et nagent en répétant exactement les mêmes mouvements, symptômes de frustration et de dépression profonde. Par ailleurs, les programmes de reproduction des ours captifs n’ont rien à voir avec la conservation des espèces, puisque ces animaux ne seront jamais réintroduits dans la nature. Ils sont plutôt destinés à augmenter les profits et à attirer du public.

PETA, dont la devise dit notamment que « les animaux ne nous appartiennent pas et [que] nous n’avons pas à les utiliser pour nos divertissements », souligne que les animaux méritent de vivre dans leur habitat naturel, plutôt que d’être troqués d’un zoo à un autre comme des marchandises, emprisonnés dans des conditions inappropriées et exhibés comme des attractions.

L’association s’oppose au spécisme, l’idéologie postulant une fausse supériorité des humains vis-à-vis des autres animaux pour justifier de les exploiter pour nos intérêts. La lettre de PETA au Zoo de Mulhouse se trouve ci-dessous. Pour plus d’informations, rendez-vous sur PETAFrance.com.

 

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Lettre de PETA à Brice Lefaux, directeur du Zoo de Mulhouse 

Parc Zoologique de Mulhouse
111 ave. de la 1ère Division Blindée
68100 Mulhouse

Cher Monsieur Lefaux,

Je vous écris de la part de PETA, avec une proposition de nom pour votre nouvel ourson polaire : « Tigutaaqtaq », soit « Prisonnier » en Iñupiatun. Comme les quatre propositions sur lesquelles vous appelez au vote, le nom « Tigutaaqtaq » rappelle l’habitat des ours polaires, environnement que ni cet ourson ni sa mère n’auront la chance de connaître.

Nous savons que vous aimez les animaux et que vous devez vous soucier de leur bien-être, étant vétérinaire de vocation. Vous savez certainement qu’en plus d’avoir besoin d’un climat très froid, les ours polaires ont besoin de vastes espaces à parcourir. Leur habitat naturel s’étend en général à plus de 300 000 km² et ils ont une portée de déplacement de 3 000 kilomètres par an. En captivité, ces animaux exhibent souvent des stéréotypies, comportements répétitifs et compulsifs symptomatiques d’une frustration et d’une dépression profonde.

Il en devient clair que la place d’un animal sauvage est dans la nature, et non dans un parc dont la priorité est d’attirer le plus de visiteurs possible. Une étude menée à l’Université d’Oxford, basée sur quatre décennies à observer les animaux en captivité et dans leur habitat naturel, a révélé que les espèces comme les ours polaires, les lions, les tigres et les guépards « sont ceux qui montrent le plus de signes de stress et/ou de dysfonctionnements psychologiques en captivité » et a conclu que « la détention de grands carnivores qui ont naturellement une portée de déplacement vaste doit être fondamentalement améliorée ou éliminée. »

Vous êtes également, il nous semble, sensible à la conservation des espèces, ayant œuvré tout récemment à la réintroduction de cinq ibis chauves en Andalousie. Il est néanmoins malheureux que cette initiative fasse figure d’exception et que la grande majorité des animaux de votre parc ne rejoindront jamais leur milieu naturel. Pourquoi alors continuer de les faire se reproduire s’ils ne seront voués qu’à une vie dans un espace restreint et artificiel ?

Même les meilleurs zoos ne peuvent satisfaire les besoins complexes des animaux sauvages, et même les meilleurs enclos et aménagements ne peuvent reproduire la réalité de l’environnement dans lequel ils méritent de vivre. Nous ne pouvons plus justifier de détenir ces êtres sensibles et intelligents en captivité pour les exhiber et en tirer profit, au prix de leur mal-être.

Le Zoo de Mulhouse a la possibilité de s’accorder à l’air du temps marqué par une évolution des mentalités vers un réel respect des animaux en envoyant ces ours polaires dans des sanctuaires qui pourront répondre à leurs besoins et où ils ne seront ni reproduits ni exhibés, et en soutenant plutôt des programmes de conservation des espèces dans la nature.

Je vous prie de me tenir au courant de votre décision et d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération la plus distinguée.

Anissa Putois
PETA France