Qu’est-ce qui ne va pas avec le fait de manger du miel ?

Il existe plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde, mais quelles que soient leurs différences de taille, de localisation et de comportement, elles ont toutes une chose en commun : leurs populations déclinent rapidement. Pendant ce temps, les gens consomment plus de miel que jamais.

Alors que les populations d’abeilles diminuent, les producteurs de miel se sont lancés dans l’élevage intensif en usine de ces minuscules pollinisateurs. Mais, tout comme les élevages industriels ne protègent pas les cochons, les élevages industriels de miel ne protègent pas les abeilles. Voici l’histoire pas si douce de l’exploitation et de la mort des abeilles par les humains, accros au miel.

Elles travaillent dur pour le miel

Pendant que les abeilles pollinisent les plantes, elles recueillent de minuscules gouttes de nectar pour en faire du miel, qui leur fournit une nourriture essentielle, à elles et aux petits de leur reine, surtout pendant l’hiver.

Mais dans les exploitations commerciales de production de miel, elles ne bénéficieront jamais de tout leur travail. En automne, au moment où les abeilles se préparent à se retirer avec leurs réserves de miel pour l’hiver, les apiculteurs « dévalisent » la ruche. D’abord, ils l’« enfument », ce qui interfère avec les signaux des phéromones des abeilles et rend la colonie moins organisée, de sorte qu’il est difficile pour elles de se défendre. Lorsqu’ils enlèvent les rayons de miel, les apiculteurs portent généralement un costume complet, y compris un voile, pour se protéger. Si, comme certains le prétendent, ça ne dérangeait pas les abeilles qu’on leur prenne leur miel, rien de tout cela ne serait nécessaire.

Après avoir volé le miel, les apiculteurs maintiennent souvent les abeilles en vie en leur donnant du sirop sucré et d’autres aliments de mauvaise qualité.

Quelques chiffres

Lorsque vous dégustez une cuillère à café de miel, c’est environ 400 000 fleurs qui ont été visitées par les abeilles pour votre bon plaisir. On estime que dans toute sa vie, et selon la saison, une abeille récolte en moyenne 2 à 5 grammes de miel, soit moins de la moitié d’une cuillère à café. Ainsi, environ trois abeilles ont consacré leur vie pour produire cette cuillère de miel.

Ce n’est pas facile d’être reine

Lorsqu’une nouvelle reine est sur le point d’éclore, il se produit un processus appelé « essaimage » au cours duquel l’ancienne reine et la moitié de la colonie quittent la ruche pour en établir une nouvelle. Comme l’essaimage signifie généralement une baisse de la production de miel, de nombreux apiculteurs tentent de l’empêcher, soit en enfermant la reine dans la ruche, soit en faisant un « remérage », c’est-à-dire en tuant la reine et en la remplaçant par une version plus jeune achetée à un éleveur. La plupart des apiculteurs relancent les colonies tous les deux ans, mais la tendance est de plus en plus à la relance annuelle. Laissée tranquille, une reine peut vivre jusqu’à cinq ans.

Il existe entre 500 et 1 000 élevages d’abeilles en France, dont 80 principaux qui vendent de 30 à 4 000 « équivalents reines » (chiffres FranceAgriMer 2010). Près de la moitié des apiculteurs utiliseraient des reines provenant d’un élevage artificiel. Les reines sont généralement envoyées par la poste avec six à dix abeilles ouvrières d’escorte et quelques bonbons à manger pendant le transit. Les reines sont aussi parfois importées d’Europe et d’en dehors de l’Union européenne. Elles aussi sont envoyées avec des escortes, qui sont tuées et examinées pour détecter les parasites.

Et bien que cela puisse être difficile à imaginer, l’insémination artificielle gagne en popularité dans l’industrie apicole – elle permet aux apiculteurs d’augmenter la productivité en élevant des abeilles, tout en essayant d’éliminer les caractéristiques « indésirables », comme la tendance à piquer les humains.

Les inséminateurs utilisent le dioxyde de carbone pour gazer une reine vierge afin de la faire rester immobile pendant qu’elle est enfermée à l’envers dans un petit récipient en plastique. Son dard est ensuite maintenu par un crochet pendant qu’on lui insère une aiguille ou une seringue contenant du sperme de faux-bourdon. Une quinzaine de faux-bourdons sont tués au cours de ce processus – la tête de chaque bourdon est écrasée avant que son sperme ne soit prélevé.

Les abeilles et l’environnement

De nombreux apiculteurs affirment que l’élevage d’abeilles et la consommation de miel contribuent à augmenter les populations d’abeilles et donc à protéger l’environnement, mais cela n’est tout simplement pas vrai. C’est comme dire que l’élevage de poulets dans des exploitations industrielles augmentait d’une certaine manière les populations d’oiseaux sauvages. Le miel est vendu pour gagner de l’argent, non pour aider les abeilles.

Les abeilles domestiques sont efficaces pour collecter le pollen et l’amener à leurs ruches, mais elles transfèrent peu aux fleurs qu’elles visitent et sont donc quantitativement moins efficaces pour la pollinisation que les abeilles sauvages. Lorsque les abeilles domestiques sont nombreuses, elles peuvent faire concurrence pour les ressources alimentaires et repousser les abeilles sauvages, accroître la pollinisation de certaines plantes envahissantes et avoir des répercussions néfastes sur d’autres espèces de la flore et de la faune indigènes.

La vie complexe des abeilles

Les abeilles sont des créatures remarquables qui ont une forme de communication unique et complexe basée sur la vue, le mouvement et l’odorat. Elles alertent les autres membres de leur ruche de la présence de nourriture, de la localisation de nouvelles ruches et des conditions dans leur ruche (comme l’approvisionnement en nectar) par des mouvements de « danse » complexes.

Des études ont montré que les abeilles sont capables de penser de manière abstraite et de distinguer les membres de leur famille des autres abeilles de la ruche, d’utiliser des repères visuels pour cartographier leurs déplacements et de trouver une réserve de nourriture déjà utilisée, même lorsque leur maison a été déplacée.

Ce que vous pouvez faire pour aider les abeilles

Aucun animal, quelle que soit sa taille, ne mérite d’être exploité. Voici plusieurs façons dont nous pouvons tous aider les abeilles :

  • Laissez les abeilles garder leur miel. Elles en ont besoin pour se nourrir plus que nous en avons besoin pour aromatiser nos plats. Utilisez du sirop d’érable, d’agave ou de malt à la place du miel.
  • Laissez les abeilles garder également leur cire d’abeille, qu’elles utilisent pour construire des rayons de miel. De nombreuses entreprises fabriquent des cosmétiques et des bougies qui ne nuisent pas aux abeilles.
  • Plantez un jardin indigène favorable aux abeilles avec de la lavande, du thym, de trèfles, des bruyères, des églantiers, des framboisiers ou même du lierre grimpant. Consultez cette liste de plantes que les abeilles indigènes adorent.
  • Évitez d’utiliser des insecticides dans votre jardin lorsque cela est possible.
  • Achetez des produits biologiques lorsque cela est possible.

Lorsqu’elles sont laissées tranquilles, les abeilles sont des aides naturelles pour l’humain. Les sauver, c’est nous sauver nous-mêmes. Vous voulez en savoir plus sur les droits des animaux ? Cliquez sur le bouton ci-dessous :

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Recette : réalisez votre propre miel de pissenlit

Laissez les abeilles garder leur miel en préparant votre propre miel à partir de fleurs de pissenlit ! On trouve du pissenlit facilement partout en France – vous en trouverez poussant en bordure de champs et dans d’autres espaces verts. Alors pourquoi ne pas s’adonner à de la cueillette lors de votre prochaine promenade et tenter cette délicieuse alternative végane au miel ?

Ingrédients
12 tasses de têtes de pissenlit

2 litres d’eau

1 demi citron, tranché

2 cuillères à café d’extrait de vanille

550 g de sucre blanc biologique

Préparation

  • Faites tremper les têtes de pissenlit dans 1 litre d’eau pendant 5 minutes puis égouttez-les.
  • Retirez la partie verte des pétales en la pinçant et jetez-là.
  • Placez 6 tasses de pétales dans une casserole avec le reste de l’eau, le citron et l’extrait de vanille.
  • Portez à ébullition et laissez mijoter 30 minutes. Retirez la casserole du feu et laissez-la reposer toute la nuit.
  • Tapissez une passoire d’une étamine ou d’un torchon propre, placez la au-dessus d’un bol et versez-y le mélange de pissenlit. Rassemblez les coins de l’étamine ou du torchon, soulevez et pressez le contenu.
  • Transférez le liquide dans une casserole et ajouter progressivement le sucre en remuant. Laissez mijoter entre 2 à 4 heures jusqu’à ce que la consistance ressemble à du miel.
  • Versez le mélange dans des pots stérilisés et conservez-les au réfrigérateur.

Adapté d’une recette de @PlantBasedZeroWaste