La Commission européenne soutient la suppression progressive de l’utilisation d’animaux dans les tests chimiques mais ignore les citoyens sur les cosmétiques

Posté le par Marie J

La Commission européenne vient de donner le coup d’envoi d’un plan visant à supprimer progressivement l’expérimentation animale pour les produits chimiques dans toute l’Europe, mais elle ne protégera pas l’interdiction des tests sur les animaux pour les produits cosmétiques. Cette décision est la réponse à l’initiative citoyenne européenne (ICE) « Save Cruelty Free Cosmetics – Commit to a Europe Without Animal Testing » (Pour des cosmétiques sans cruauté – S’engager en faveur d’une Europe sans expérimentation animale), signée par plus de 1,2 million de citoyens européens.

Si nous saluons le plan visant à éliminer à terme les tests sur les animaux pour les produits chimiques et les propositions à plus longue échéance visant à réduire et à supprimer progressivement l’utilisation des animaux dans la recherche et l’éducation, il est scandaleux que la Commission ait ignoré l’appel des citoyens à maintenir l’interdiction des tests sur les animaux pour les cosmétiques, malgré un impératif éthique et scientifique clair de ne plus utiliser d’animaux dans les laboratoires.

Roger Kingbird / We Animals Media

L’ICE demande le renforcement de l’interdiction de l’expérimentation animale pour les ingrédients cosmétiques, le passage à des méthodes non animales pour les tests de sécurité chimique et l’engagement à mettre en place un plan d’élimination progressive de toutes les expériences sur les animaux. Nous examinons ci-dessous chacun de ces objectifs, la réponse de la Commission et ce que cela signifie pour les animaux.

La mauvaise nouvelle : la Commission européenne échoue à protéger et à renforcer l’interdiction de l’expérimentation animale pour les cosmétiques

PETA a révélé il y a près de 10 ans que malgré l’introduction en 2009 d’une interdiction européenne des tests sur les animaux pour les ingrédients cosmétiques, de tels tests pour les produits chimiques manipulés par les travailleurs industriels sont toujours exigés par le règlement européen REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals –enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques). Il est inquiétant de constater que les mises à jour proposées pour REACH suggèrent que les tests sur les animaux pour les produits chimiques, y compris les cosmétiques, devraient augmenter dans les années à venir.

Cependant, au lieu de répondre aux demandes de plus de 1,2 million de citoyens européens, la Commission n’a pas pris de mesures immédiates pour mettre fin à la souffrance des animaux utilisés dans les tests cosmétiques. Au lieu de cela, elle a choisi d’attendre les résultats d’une procédure judiciaire en cours, dans laquelle PETA est impliquée.

Ce n’est pas suffisant et nous condamnons totalement l’inaction de la Commission.

La sécurité des produits cosmétiques et de leurs ingrédients peut être – et est déjà – assurée par l’utilisation de méthodes non animales. Ceci peut être réalisé pour la santé des consommateurs et des travailleurs et pour la protection de l’environnement.

La Commission a scandaleusement réitéré sa position selon laquelle les ingrédients des cosmétiques peuvent être introduits de force dans la gorge des rats, des souris, des lapins et d’autres animaux dans le cadre du règlement REACH sur les produits chimiques et que les résultats de ces tests peuvent être utilisés pour autoriser la vente de ces produits sur le marché de l’Union européenne. Une telle position a détruit l’interdiction de commercialisation des produits cosmétiques dans l’UE, qui vise à garantir que seules des méthodes n’utilisant pas d’animaux sont utilisées pour évaluer la sécurité des produits cosmétiques et de leurs ingrédients.

L214 - Ethique & Animaux

REACH et le règlement européen sur les cosmétiques font actuellement l’objet d’un réexamen, et PETA fera pression sur les législateurs pour qu’ils prennent des mesures là où la Commission a échoué.

Quelques bonnes nouvelles : la fin des tests de substances chimiques sur les animaux est en vue

Enfin, la Commission a entendu nos appels et va lancer une feuille de route visant à mettre un terme à tous les tests sur les animaux pour les produits chimiques industriels, les pesticides, les biocides et les médicaments humains et vétérinaires.

Cette feuille de route vise à définir la voie à suivre pour étendre et accélérer le développement, la validation et la mise en œuvre de méthodes sans animaux, ainsi que les moyens de faciliter leur adoption dans le cadre des différentes réglementations.

Les détails précis n’ont pas encore été révélés, mais nous demanderons à la Commission de veiller à ce que les progrès soient rapides et que des mesures soient prises pour créer un comité scientifique d’experts sur les approches d’évaluation non animales le plus rapidement possible.

La Commission européenne étudie des plans d’action à l’échelle de l’UE pour réduire l’utilisation des animaux

Chaque année dans l’UE, environ 8 millions d’animaux souffrent dans les laboratoires, parmi lesquels des lapins, des souris, des chats et des chiens. Des substances leur sont administrées de force dans la gorge, ils sont infectés par des maladies invalidantes, manipulés génétiquement, victimes de lésions cérébrales à la suite d’opérations chirurgicales, exposés à des douleurs intenses et utilisés dans des programmes d’élevage conçus pour perpétuer ce cycle de souffrance.

Nous saluons la nouvelle selon laquelle la Commission étudie le développement d’une action politique dans le cadre de l’Espace européen de la recherche afin de réduire l’utilisation d’animaux dans la recherche et les essais réglementaires. Cela implique de mobiliser toutes les autorités compétentes et les États membres de l’UE pour accélérer l’adoption de méthodes non animales et aura un impact positif sur l’objectif ultime de mettre fin à toute utilisation d’animaux. Cependant, les actions proposées par la Commission ne constituent pas la réforme en profondeur demandée par les citoyens de l’UE via l’ICE.

La Commission doit maintenant proposer des changements significatifs à la législation et aux politiques existantes afin de mettre les États membres, les régulateurs et les organismes d’évaluation sur la voie de l’élimination progressive de toute utilisation d’animaux dans les laboratoires. Nous appelons donc toutes ces autorités à poursuivre les objectifs de l’ICE.

Qu’a dit la Commission européenne ?

Les engagements positifs pris par la Commission en réponse à l’ICE sont les suivants :

  • Élaborer une feuille de route pour mettre fin à tous les tests obligatoires sur les animaux pour les produits chimiques industriels, les pesticides, les biocides et les médicaments humains et vétérinaires ;
  • Étudier la création d’un comité scientifique d’experts chargé de fournir des conseils sur le développement et l’adoption d’approches ne recourant pas aux animaux ;
  • Proposer une action de l’Espace européen de la recherche pour coordonner les politiques nationales visant à remplacer l’utilisation d’animaux en laboratoire et à accélérer le développement et l’utilisation de méthodes sans animaux ;
  • Organiser un ou plusieurs ateliers avec des experts afin de déterminer les futurs domaines de recherche prioritaires pour accélérer la transition vers une science sans animaux.

L’heure du changement a sonné.

PETA, Cruelty Free Europe, Eurogroup for Animals, European Coalition to End Animal Experiments et Humane Society International/Europe ont lancé l’ICE en août 2021. Nous avons obtenu le soutien des marques de produits de beauté The Body Shop et Dove et rassemblé un réseau d’ONG européennes.

C’est la première fois dans l’histoire qu’un tel nombre d’organisations européennes se réunissent pour aider les animaux dans les laboratoires.

Au cours de la campagne, plus de 1,2 million de personnes compatissantes provenant des quatre coins de l’Europe ont demandé la fin de l’expérimentation animale et ont associé leur nom à l’initiative.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous continuerons à faire pression pour obtenir des changements en faveur des animaux et de meilleures méthodes d’essai en Europe.

Les animaux en laboratoire ont encore besoin de votre aide. Pendant que vous êtes ici, agissez pour que le laboratoire pharmaceutique Sanofi cesse le test de quasi-noyade sur des souris :